Ayant marché depuis le crépuscule, j'avais trouvé une vielle souche pour pouvoir m'y adosser en cas de fatigue après l'usage de mon nouveau pouvoir. Je commençai mon entraînement sans me préoccuper du temps. Car ici, celui-ci semblais s'être arrêter, ces terres
autrefois luxuriante de faune et de flore variés et autres délices des sens n'étaient maintenant qu'un pale souvenir, ceci faisant perdre toute cette notion vitale de « temps ».
Je m'exerçais depuis des heures déjà, enfin... Je ne sais pas... Je ne sais plus... Il faisait déjà nuit noire je ne voyais plus rien autour de moi, juste les spectres que je créais et effaçais à ma guise. Ma plus belle création, mon phoenix que je faisait virevolter autour de moi, je tournais en même temps que lui, une
osmose totale, comme-ci il avait une volonté propre... Un Rêve, tenir aussi longtemps que possible mes créations... Mon oreille frémit, je tourna brusquement la tête du côté d'où venait le bruit. Mes cervicales craquèrent une a une... Un léger son m'avais fais réagir, je regardais mais je ne voyais rien... Et pourtant... Je décida de lancer plus loin mon phoenix pour voir s'il y avais signe de vie, seulement une vue furtive de cette étendue de terre vide de vie et de sens... Cette vison me donna des frissons puis je repris l'entraînement. D'un coup, l'air froid de cette nuit sans étoile ni lune devint chaud et lourd.
Effrayé par ce soudain changement, je suffoquais. Ne parvenant plus a reprendre mon souffle, je poussa un cri strident puis je me trouva a terre. Sur les genoux. Le phoenix que j'eus créé ne s'était pas volatilisé mais, il s'était envolé dessinant des cercles autour de moi comme pour me protéger. Je ne comprenais pas, car, normalement, mes spectres n'avaient pas de volonté propre. J'avais juste peur, une de ces peur
incontrôlables et inexplicables qui repartent aussi rapidement qu'elle n'apparaissent... Que l'on rencontre toujours une fois dans sa vie... Cette peur me cloua au sol. Je ne distinguais plus la forme de mon phoenix, il volait tellement vite que je ne reconnaissais que la forme de son bec et de sa tête. Je continuais a le regarder quand je sentis une étrange buée se former au sol. Des chuchotements, des
complaintes... Comme celles des âmes qui n'ont pas trouvées la paix. Ma crise de panique s'amplifiait à la vue de visages et de mains qui apparaissent et disparaissaient aussitôt sans les voir vraiment. Paniqué, simplement paniqué... Puis le spectre de lumière monta en flèche pour commencer à rétrécir jusqu'à devenir aussi petit que les corps célestes que l'on voit depuis la terre. J'étais désormais dans le vrai noir complet. Un bruit sourd, un coup dans la poitrine, une vague d'énergie lumineuse descendis et se propagea au sol balayant la buée et soulevant la poussière sur des kilomètres peut-être. Je ma tenais maintenant sur mes bras fragiles, y mettant tout mon poids. L'air redevint frais, ma peur avais disparue, aussi vite qu'elle eut apparue. Je repris mes esprits au bout de longues minutes et essaya de me lever. Enfin debout, je me mit a marcher face a moi, exactement dans la direction de l'étrange son qui précéda ma crise d'
angoisse. Ayant créé une petite belette m'arrivant à la cheville je continua ma route. Dans cette nuit noire, mes sens développés grâce a mes origines elfiques s'avéraient très utile, l'ouïe et l'odorat en particulier, car la vue... Je fixais simplement le petit animal que je contrôlais facilement. Je marchais sereine, me concentrant sur le spectre jusqu'à ce que... Une odeur effroyable,
insoutenable, cette odeur... Celle du
sang. Je continuais de marcher encore et encore et je m'aperçus que la senteur s'amplifiait de plus en plus, et, éloignant ma belette j'aperçus là, en face de moi, une masse sombre et
difforme jonché sur le sol poussiéreux. Quelque chose ou quelqu'un étais là, couché devant moi et je ne savais que faire. Je me décala de ma route initiale pour passer juste a côté de la masse et fit disparaître mon spectre pour ne pas voir cette chose en détail. Quand je passa a côté de la masse difforme je sentis de la chaleur se dégager de ce corps. Après un moment d'hésitation je me retourna et m'en approcha. Mes yeux étaient désormais habitués a l'obscurité, je pouvais entrevoir des formes humaines mais pas seulement... Je me plaça donc au niveau de ce qui semblait être sa tête a ce moment là, sentir son
souffle chaud sur mes chevilles me fis tressaillir de tout mon être. Je crus voir aussi un étrange bâton lui sortir du torse, puis je compris...
*Franc et rapide...*
J'empoigna le katana de mes mains chétives et tira. Le sabre résista, comme si la peau s'était déjà cicatrisé autour de celui-ci. La sensation du déchirement de la peau et le son de la lame lui percent encore une fois le corps m'
écoeura . Le katana enfin sortit je le jeta brutalement a terre. Mes jambes tremblaient ainsi que tout mon être.
*Tellement... fatigué, il fait froid, si froid...*
Un moment d'
absence, comme un gouffre...